Après trois jours dans le désert du Sud Lipez, nous avons migré vers le nord, à Potosi, la ville la plus haute du monde (4070m). C'est aussi la plus grosse mine d'argent exploitée par l'Espagne aux temps coloniaux. Il paraît qu'à l'époque, c'était une des villes les plus peuplées du monde, devant Londres et Paris, tellement ça nécessitait de la main d'oeuvre. Huit millions d'indiens et d'esclaves africains sont morts dans la montagne Cerro Rico, en restant enfermés nuits et jours dans les mines, pour enrichir l'Espagne...
La visite des mines commence par un tour au vestiaire : on se munit de nos tenues de mineurs, un des guides nous montre l'exemple... Puis passage au marché des mineurs où notre guide nous explique comment préparer de la dynamite (super rassurant !) qui est en vente libre à Potosi. On achète quelques cadeaux pour les mineurs : feuilles de coca, bouteille d'eau, alcool à presque 90° sont les bienvenues !
Puis on visite une "usine" de raffinage : salle des produits chimiques avec cyanure à l'air libre et grosses broyeuses à pleine vitesse, attention aux mains !
Dans les entrailles de la terre
Enfin on part pour l'expédition spéléo de 2h dans les mines Rosario ; on commence par parcourir des couloirs faciles, puis on atteint le second niveau en rampant dans des cheminées et des couloirs ! Il est difficile de respirer à cause du manque d'air, claustrophobes et asthmatiques s'abstenir !
Les parois sont couvertes d'arsenic (en vert), de sulfate de cuivre (en bleu), d'amiante (en blanc), et aussi d'argent, don de Dieu, cadeau du Diable... Il faut savoir que la majorité des mineurs meurent au bout d'une dizaine d'années, à force de respirer les poussières toxiques sans protection.
Au bout d'une heure, on arrive au troisième niveau. Il fait maintenant 45° dans la mine, et on transpire à grosses gouttes. On rencontre un groupe de mineurs qui vident des chariots de minerais. Nos chers touristes apporteront leur aide pour décharger les cargaisons.
On leur offre nos "cadeaux" tout en découvrant leurs conditions déplorables de travail... Les mineurs travaillent souvent 24 heures d'affilée sans manger autre chose que des feuilles de coca. Pour se protéger des mauvais esprits, éviter les accidents de dynamite et trouver encore plus de minerais, les mineurs font des offrandes au dieu Tio, qui est en fait le Diable : à l'extérieur de la mine, ils croient en Dieu mais à l'intérieur, c'est le Diable qui l'emporte.
Après deux heures éprouvantes, on est soulagé de retrouver la lumière de la surface. On pense alors aux mineurs qui travaillent parfois dès l'age de 10 ans... (cf. le film El minero del diablo).
Potosi, coté ville
En ville, on croise beaucoup d'églises (celles où les mineurs viennent prier Dieu) et de cireurs de chaussures qui mâchouillent eux aussi les feuilles de coca à longueur de journée.
Par chance, on croise un défilé qui célèbre l'anniversaire d'un marché local : pompons, plumes de couleurs, mémés en costume et instruments de musique à foison !
Puis on visite le marché central de Potosi où on trouve de tout : paniers en osier, vêtements, légumes, fruits, têtes et groins de boeuf en vente libre !
Après plusieurs semaines à parcourir des paysages de toute beauté, Potosi est un retour brutal à la réalité de la vie dans les pays en voie de développement...
Suite de notre parcours bolivien depuis la capitale la plus haute du monde !
Suite de notre parcours bolivien depuis la capitale la plus haute du monde !
Besos